Gilles Chetelat est un amoureux de l’entrepreneuriat, auteur du livre Get Shit Done sur l’aventure humaine de l’entreprise, qui s’est vendu à plusieurs milliers d’exemplaires, et auvergnat fier de promouvoir l’entrepreneuriat dans notre région.
Il se définit lui-même comme un serial entrepreneur, qui connaît aussi bien le monde des grands groupes que celui des startups. Sa première société StickyAds, qui a été créée il y a 10 ans, a connu au bout de 7 ans et deux levées de fonds, un développement mondial et un exit très réussi. Il récidive aujourd’hui avec sa nouvelle société : Clind.io
Pour Gilles, les entrepreneurs “récidivistes” ont la responsabilité de comprendre le monde qui les entoure, identifier ses problèmes et essayer de les résoudre à leur échelle. Le secteur de l’impact (c’est-à-dire entrepreneuriat pour la résolution de problèmes de société grâce à la technologie) et notamment celui de l’éducation et de l’apprentissage pour les adultes représente aujourd’hui un vrai challenge, que Gilles surveille déjà depuis longtemps. C’est ce qui lui a donné l’idée de créer Clind.io, qui facilite l’accès aux contenus de formation pertinents en fonction de ses besoins.
Outre les crises économique et sanitaire, Gilles souligne l’existence d’une crise d’internet avec la surexposition actuelle aux réseaux sociaux et leurs effets pervers, notamment chez les jeunes. Il y a donc un vrai challenge de nos jours : promouvoir et favoriser une utilisation d’internet et du digital plus humaine.
Sa nouvelle entreprise propose une solution B2C (business to client), un secteur plus difficile à toucher de nos jours que le B2B (business to business), selon Gilles, mais très intéressant à travailler : cette nouvelle startup représente une vraie sortie de sa zone de confort.
En dehors de son statut d’entrepreneur, Gilles a également investi dans plusieurs sociétés qui ont subi de plein fouet la crise et le premier confinement. Comment s’adapter à cette situation difficile ? Son conseil est de voyager léger, c’est-à-dire revoir les prévisions de revenu et de trésorerie de manière drastique et assurer ses arrières pour anticiper une crise qui pourrait être amenée à durer. Son meilleur conseil : avoir deux ans de trésorerie, même en étant early stage, est la meilleure solution pour être prudent même dans le pire des cas.
De son point de vue, démarrer un projet en temps de crise peut être une vraie opportunité pour se présenter à des investisseurs car un projet early stage présentera un business plan plus réfléchi et drastique, donc plus sûr et plus prudent. La crise pour les entrepreneurs dans le digital peut aussi représenter une opportunité puisque les services en ligne font partie des recours possibles et des solutions d’avenir.
Pour Gilles, la priorité doit aussi être donnée au Product Market Fit : trouver son marché et ses clients (à quel problème apporte-t-on une solution, à qui la vend-on ?) est une priorité pour une startup. Trouver son Product Market Fit doit se faire selon un processus itératif. Un exemple d’indicateur pour définir ce Product Market Fit : avoir au moins 40% de ses utilisateurs affirmant ne pas pouvoir se passer de la solution (cf. les entrepreneurs de la Silicon Valley). Ce résultat s’obtient en travaillant sur le produit, mais surtout sur la segmentation de cibles : qui utilise ce produit/service, qui en est content, comment peut-on l’améliorer ?
C’est uniquement suite à cette définition qu’il sera intéressant de penser levée de fonds. Le financement en amont de la levée de fonds passe généralement par les business angels et les proches de son réseau qui croient dans le projet.
Enfin, Gilles insiste sur l’importance d’échanger avec ses pairs, des experts, de se créer un réseau bienveillant, d’autant plus quand on entreprend en B2B. “Parfois 30 minutes d’échanges avec un entrepreneur de votre domaine peut vous faire économiser un voire deux mois de travail“. Ce sera également la possibilité de rencontrer de nouveaux contacts, de nouveaux prospects, la prise de contact est bien souvent facilitée lorsqu’elle passe par un tiers commun. Le métier d’entrepreneur est un métier solitaire, il est très important de bien s’entourer pour ne pas être seul, notamment durant les périodes difficiles.
L’environnement des startups et de l’entrepreneuriat a beaucoup changé en 10 ans : il y a plus d’aides financières disponibles, plus de structures et de possibilités d’accompagnement, qui vont contribuer au développement de géants de l’innovation et de l’internet en Europe. Ce qui nous manque encore cruellement aujourd’hui.
Gilles pense fortement que le contexte de crise actuelle va être une source d’opportunités pour le développement de startups en région, grâce à un vivier de talents excellents notamment sur Clermont-Ferrand. Le digital et le B2C offrent de vraies possibilités, sans obligation d’être dans une grosse métropole comme Paris.
Les 3 rôles du CEO selon Gilles Chetelat :
Nous remercions Gilles pour son intervention, sa pertinence et son écoute, et d’avoir partagé de vrais conseils qu’il est important de s’approprier dans le contexte actuel !
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